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Norethrud aime bien...
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  • Un blog entre lecture et cuisine, où je feuillette du Baudelaire une cuillère en bois à la main! Je déguste Jane Austen avec une tasse de thé, Terry Pratchett avec de la gelée et quand je lis Mistral, je sors l'huile d'olive. Ma véritable passion? Ecrire
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27 septembre 2012

A la faveur de ma plume: Ta putain de femme sur la grève...

Homme_libre_toujours_tu_cheriras_la_mer

Aurèle se tenait à l'écart de la petite foule s’impatientant sur le port. De la plage, ils les voyaient piétiner. Beaucoup de femmes et d'enfants, quelques couples, peu d'homme seul. La mer le dévorait des yeux. Assis sur le sable, sa casquette fétiche à la main, il contemplait en retour les reflets de la lune sur les eaux calmes. Il avait l'allure d'un jeune Corto Maltese avec ses boucles brunes, plus longues qu'il ne les avaient jamais eues, dépassant de son couvre chef marin. Il regarda l'heure. Le bateau ne devrait plus tarder à apparaître au loin. Il se dit que cela devait faire des millénaires que chaque soir quelque part, quelqu'un pensait « Il va enfin revenir... » Le bateau ramenait un père, un frère... un enfant. Il lui passait à l'esprit ces chansons criardes où les hommes avaient une femme dans chaque port. Puis celle de cette épouse attendant son bien-aimé qui jamais ne reviendrait. « Quand à la mer il vend son cœur, attend toi à en pleurer ma sœur... »

Le bateau était enfin apparu. Les premiers cris de joie avaient fusé. Certaines silhouettes se baissaient, plus près de petites têtes blondes invisibles, pour désigner les points lumineux sur la sombre étendue. Il revenait enfin. Il savait combien les derniers kilomètres étaient longs. Combien les dernières heures semblaient s'étirer infiniment. Le marin attendait avec impatience l'instant où il toucherait terre. Mais venait bien vite l'envie de repartir. Tout un paradoxe dans lequel Aurèle avait trouvé son équilibre. Mais c'était avant...

Longue avait été l'attente. Le bateau avait fini par accoster. En une seule masse, dont il était à jamais exclu, les familles s'étaient déplacées sur la grève à la rencontre des jeunes gens descendant du navire. Sans vraiment les voir, ils savaient. Les sourires, les embrassades... chacun se retournant vers ses camarades pour un dernier salut, se donnant rendez-vous pour la prochaine fois. Les bonnes nouvelles échangées dès les premiers pas, parfois les mauvaises. Puis la silhouette s'était dégagée du groupe, se mouvant rapidement vers la plage, son bagage à l'épaule. Ils se retrouvaient toujours au même endroit. Alexis lâcha son sac pour serrer Aurèle contre lui. «Tu m'as manqué.» Ils n'avaient pas encore l'habitude de ces départs, de cette séparation sévère et de ces retrouvailles encore amères. Ils avaient longtemps vécu avec pour secrète confidente la mer, vivant dans le même paradoxe qui leur semblait alors si confortable. Elle était leur chaperon, leur amie commune, leur passion... toute leur histoire. Après l'accident d'Aurèle il avait fallu réapprendre à vivre. « Je suis ta putain de femme sur la grève...» « T'es con... ». Il ne pourrait jamais repartir sur le bateau avec son amant... Il n'était plus marin.

Alexis chargea son bagage. Il était beau, blond comme la lune, calme comme les eaux. « Partons. » Aurèle gardait en lui cette rancœur de ne plus pouvoir entrer sur leur terrain de jeu, il le savait. Lui se méprisait de n'avoir rien pu faire ce jour là, d'avoir été le témoin passif de l'accident qui avait fait perdre sa jambe à son jeune compagnon. Aurèle était brun comme les cieux et colérique... comme les eaux... il était beau. Il le regarda marcher. Il s'habituait à cette nouvelle jambe inanimée. « Dire que tu portes même pas mon sac ! » « T'es con ... ».    

[Exercice 12] Un exo d'été, un truc léger et frais pour nous faire entrer dans "le bain". Faire un texte sur une photo ayant pour thème la mer. 

Les plus observateurs auront vu qu'il manque l'exercice 11... les partiels, l'été, la rentrée ont mis du plomb dans l'aile de notre atelier. Mais je reprends le dessus ! Nous allons vite reprendre le rythme. Cette dernière (ou première de l'année) production n'est certainement pas la meilleure que vous puissiez lire ici, mais il me fallait un os à ronger avant d'entamer le  festin. Je l'ai écrit un peu vite, en plusieurs fois et le thème demeure flou... j'assume son coté bancal ^^ 

Retrouvez mes comparses de plume de l'atelier Diderophilement Ecrit dans la catégorie "Les Diderophiles" de mon blog.

Crédit photo: Antoine de Seigle

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Commentaires
M
J'adore. A tel point que je l'ai lu deux fois d'affilée, pour être sûre d'avoir tout compris. Je ne trouve pas que ce soit bancal, peut-être un peu flou parfois, mais à la seconde lecture tout est très clair. C'est vraiment beau. Je ne sais pas comment tu fais pour réussir à faire passer autant de sentiments en si peu de mots. Ca me plaît.<br /> <br /> :)
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