L'angoisse et le dinosaure en cage.
Je n'aime pas les dimanches.
J'ai toujours l'impression que ce jour me file entre les doigts. Que le temps s'écoule trop vite, que je le laisse s'envoler, le dilapide... Que je le gâche. Arrivée sur les 15h, si je n'ai pas trouvé de quoi occuper ma journée, mon coeur se gonfle d'une émotion incontrôlable. Je me sens lésée, trahie: je n'ai pas bien géré mon temps, il est trop tard pour décider, j'angoisse et je finis par broyer du noir. Incontrôlable vous dis-je... et parfois ingérable pour les gens qui m'entourent.
Je n'aime pas vraiment les dimanches.
Ce dimanche, quand a 15h le soleil persistait à me tirer la langue de l'autre coté de la vitre, je me suis prise par la main.
J'ai demandé à mon coeur de cesser ses caprices et je suis sortie.
Mon bus préféré n'attendait que moi: Le 47.
Le 47 à cette particularité qu'il part du plus profond du Kremlin Bicêtre pour traverser mes quartiers préférés et remonter Paris du sud au nord, comme une fusée de la Terre à la Lune. Quoi de mieux que les étoiles pour chasser le noir. Je me suis arrêtée où j'en ai eu envie, laissant mon angoisse au fil des rues et mon coeur aux commandes.
Le jardin des plantes s'ouvraient à nous.
Se rocher n'a t'il pas quelque chose de Saint-Exupérien? On dirait un boa qui aurait avalé son mouton.
Beaucoup de monde en ce jour ensoleillé!
Comme s'il pouvait être le dernier de la saison.
Beaucoup de monde aussi car la FIAC c'est installé dans le Jardin :)
Mais ce que mon oeil repère le plus c'est l'Automne qui nous entoure !
Lors de ma balade, je rencontre d'autres animaux !
Certains tournent en rond...
D'autres font la sieste.
Et d'autres encore prennent leurs quartiers d'hiver.
Mais c'est cette dernière rencontre qui nous chavire mon coeur et moi...
"Nous reviendrons te voir ! " je crie à ce grand vertébré.
Pas sur qu'il nous ait entendu derrière sa cage de verre.
Pourtant je ne suis pas la seule à le dire.
Autour de moi, combien de grands disent au plus petits, fatigués par cette belle aventure,
"La semaine prochaine, nous reviendrons.".
J'ai bien aimé ce dimanche.
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Quand je serais grande, j'apprivoiserais mes angoisses...
Je mettrais leurs squelettes dans de petites cages de papier
et je dirais "voici des dinosaures d'un temps passé."
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